Créations collaboratives



Le logo d'expo planeTerre est largement inspiré de la couverture d'un livre extraordinaire, dont de courts extraits vous sont présentés ci-dessous.


L’ENTRAIDE L’AUTRE LOI DE LA JUNGLE

Par PABLO SERVIGNE  &  GAUTHIER CHAPELLE

Éditions Les Liens qui Libères, octobre 2017.



Rien n’est plus urgent désormais que de combattre la démesure, l’hubris, la soif de toute-puissance qu’alimente le néolibéralisme et qui conduit l’humanité à sa perte. 

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Soyons sincère: qui n’a jamais ressenti cette profonde joie d’aider un proche ou de se voir tendre la main? Et que se passe-t-il quand une région est sinistrée par une inondation? À l’évidence, non ! Les voisins se serrent les coudes, d’autres accourent des alentours et prennent des risques insensés pour sauver ceux qui doivent l’être. Des inconnus, des centaines ou des milliers de kilomètres de là , s’organisent et envoient de l’argent. (…) Tous les êtres vivants sont impliqués dans des relations d’entraide. Tous. L’entraide n’est pas un simple fait divers, c’est un principe du vivant. C’est même un mécanisme de l’évolution du vivant : les organismes qui survivent le mieux aux conditions difficiles ne sont pas les plus forts, ce sont ceux qui arrivent à coopérer. En réalité, dans la jungle, il règne un parfum d’entraide que nous ne percevons plus. Ce livre sera une tentative de grande et profonde inspiration. Nous n’avons malheureusement pu inclure dans ce travail qu’environ un tiers de notre bibliographie, qui représente qu’une petite partie de ce qui est disponible sur le sujet.

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Compétition, expansion infinie et déconnexion du monde du vivant sont trois mythes fondateurs de notre société depuis déjà  plusieurs siècles. Leur mécanique s’est révélé extrêmement toxique : de la même manière qu’une cellule en expansion perpétuelle finit par détruire l’organisme dont elle fait partie, un organisme qui détruit l’environnement dans lequel il vit et empoisonne ses voisins finit par mourir seul dans un désert. Nous avons malheureusement dépassé l’étape du simple avertissement. C’est là notre réalité. Notre rapport au monde a provoqué des basculements irréversibles : certains systèmes naturels qui constituent la biosphère ont été gravement  déstabilisés, au point de menacer sérieusement les conditions de survie de nombreuses espèces sur terre, y compris la naître. Et c’est sans compter sur la fin imminente de l’aire des énergies fossiles, l’épuisement des ressources minérales, les pollutions généralisées, l’extrême fragilité de notre système économique et financier ou la croissance des inégalités entre pays et du nombre de réfugiés. Nous avons là  une situation qui ressemble à un immense jeu de dominos instable, c’est à  dire aux prémices d’un effondrement de civilisation. Le bilan des possibles formes que pourrait prendre cet enchaînement de catastrophes est appelé la collapsologie, une discipline qui, au-delà de sa fonction d’information permet de mettre en lien différents milieux et différentes sensibilité : écologistes, survivalistes, universitaires, militaires, ingénieurs, paysans, activistes, artistes, politiciens etc.  Si le climat économique, politique et social se dégrade rapidement, notre imaginaire, lui, gavé de cette monoculture de la compétition, produira toujours la même histoire : la guerre de tous contre tous et l’agressivité préventive. Alors qu’un autre scénario, celui de la coopération, pourrait tout aussi bien émerger. Pour l’instant, les pays industrialisés sont relativement épargnés, mais uniquement grâce à un fragile écran de technologie qui dépend de ressources énergétiques et minérales de moins en moins accessibles.

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Des mutualismes (associations diffuses entre espèces) aux symbioses (associations obligatoires), de l’action collective ponctuelle  la coévolution fusionelle, les services se donnent et se rendent dans tous les sens : protection contre nourriture, transport contre protection, nourriture contre soin, information ou déparasitage, etc. On découvre avec émerveillement ce que nous nommons la symbiodiversité. Le monde vivant grouille de toutes ces interactions qui créent, s’inventent, se transforment, se renforcent, se délitent ou s’effacent sans cesse, depuis que la vie existe, dans une sorte de ballet infini. Une vision émerge : celle d’une toile de la vie changeante et multicolore, tissée de fils qui ont parfois la couleur de la compétition, de la prédation ou du parasitisme, et d’autres très nombreux qui prennent les teintes des bénéfices mutuels. C’est bien la diversité des couleurs et des textures qui fait la résilience et la longévité de cette toile. Pour l’instant, nous retiendrons de ce rapide panorama chez les autres qu’humains que  1) l’entraide existe, 2) elle est partout, et 3) elle implique potentiellement tous les êtres vivants, y compris l’espèce humaine.